[번역위원 우수작] 본지 번역위원 선발시험에 모두 78명이 응모한 결과, 서류심사와 번역심사를 거쳐 총 5명을 선발했으며, 합격자는 개별 통지했습니다. 이 가운데 우수작 2편을 12월호에 게재합니다. 프랑스어 원문은 인터넷판에 동시 게재됩니다.
Commandos poétiques
Venant enrichir un paysage composé d’une centaine de publications, portées par le désir de faire entendre ce que l’édition en place accueille bien peu (0,3 % du chiffre d’affaires des ventes de livres en 2017), une dizaine de revues de poésie ont été fondées ces cinq dernières années. Parmi elles, Muscle, Revu, Pli, La Terrasse, Realpoetik.
Elles partagent un mode de fabrication artisanale, à base de débrouille et de bricolage. « On fait ça en pirates », plaisante Laura Vazquez, cofondatrice avec Arno Calleja du bimestriel marseillais Muscle , qui dit s’inspirer des revues cheap (bon marché) et rares, tirées à trois ou quatre exemplaires, du début des années 2000, souvent éphémères – celles de Christophe Tarkos (RR53, Poézi Prolétèr et Facial) et de Nathalie Quintane. Le coût de fabrication et d’impression de Muscle, tirée à quelque trois cents exemplaires, revient à environ 100 euros. Après le financement participatif du premier numéro de Revu, les ventes ont permis de payer le suivant. En partie subventionnée par la région Pays de la Loire, Pli , fondée et dirigée à Nantes par le poète et artiste Justin Delareux, pratique une même approche artisanale, jusqu’aux découpage, couture, mise en page, etc. Ses couvertures sont ainsi des monotypes réalisés à la main par l’artiste. « Je me réapproprie les moyens d’une grosse chaîne, la Corep . J’utilise leur machine gratuitement : je couds avec leur massicot et paye seulement l’impression », raconte quant à lui le Lyonnais Fabien Drouet, qui, cumulant petits boulots et revenu de solidarité active (RSA), crée en 2017 La Terrasse – le dernier numéro a été tiré à cent cinquante exemplaires. Diffusées en librairie et par abonnement, toutes ces publications s’appuient sur des événements (performances, lectures publiques, salons du livre) et sur Internet (vidéos ).
À travers elles apparaissent des territoires, aux frontières plus ou moins poreuses, qui dessinent les divers courants de la poésie contemporaine. Pli accueille des auteurs formalistes comme Jean-Marie Gleize. Petit mais costaud, Muscle, qui a depuis 2014 bousculé le paysage, aussi bien par son format de « flyer de concert » que par sa ligne éditoriale, met en regard à chaque numéro deux auteurs très différents, mais dont les écritures se répondent. Par exemple, le poète américain Kenneth Goldsmith et Oussama Boggio, un jeune garçon des quartiers Est de Marseille : « Je sais plus par quoi commencer alors j’écris, j’écris tous ceux qui me passent par la tête... » (n° 13, décembre 2016). Revu , auto-estampillée non sans humour « snob et élitiste », se consacre pour partie à la réédition de poètes oubliés.
« Vachement concernés par les crises financières et les oiseaux qui chantent », les Lyonnais Grégoire Damon, ex-salarié chez McDonald’s et bibliothécaire vacataire, et Sammy Sapin, infirmier, poètes fondateurs en 2016 de la revue en ligne Realpoetik , militent pour une poésie « qui parle de la vie quotidienne, du fait d’avoir un corps, de travailler, d’être confronté à la précarité et au chômage… », selon Damon. « Il y a deux grands courants qui trustent un peu le paysage : l’un est un mélange de méditation abstraite sur les vieilles pierres et l’inconnu l’indicible l’innommable etc., marquée par l’ombre de [Yves] Bonnefoy. » De l’autre, « le conceptualisme formel poussé à l’extrême ». Eux défendent des écritures qui saluent « l’épique du quotidien », comme celle d’Antoine Mouton, avec son « Bilan des incomplétudes » : « – Comment qualifier vos qualités ?
l’urgence (j’avais mis du temps à répondre on m’écoutait déjà plus trop)
et la motivité (c’est un peu différent de la motivation c’est plus proche de l’émotivité mais le résultat est le même)
et puis le souci du bordel bien fait le sens du rien je cours plutôt bien mais pas en ligne droite et puis des fois c’est pas pareil donc l’imprévisiblité. »
L’objectif d’une diffusion nationale est une idée hardie, dans un contexte où les revues se vendent à deux cents ou trois cents exemplaires. Fabien Drouet est prêt. Les trois premiers numéros de 20 minutes doivent paraître en janvier, février et mars 2019. Il compte, pour ce « gratuit », sur « les lecteurs, qui pourront utiliser les imprimantes de leur travail pour publier chaque numéro et le distribuer dans la rue et les transports en commun ». Libre à chacun de faire circuler la bonne parole !
Sophie Eustache et Anne-Laure Lemancel
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