Marionnettes Politiques

[원문] 정치적 꼭두각시

2011-05-09     Serge Halimi

MARIONNETTES POLITIQUES

Le Fonds monétaire international (FMI) vient de l’admettre : « Près de quatre ans après le début de la crise financière, la confiance dans la stabilité du système bancaire global doit toujours être entièrement restaurée . » Mais ce que le président de la Réserve fédérale américaine, M. Ben Bernanke, qualifie de « pire crise financière de l’histoire mondiale, Grande Dépression [de 1929] comprise » n’a entraîné aucune sanction pénale aux Etats-Unis. Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan avaient misé sur l’effondrement des placements à risque qu’ils recommandaient avec empressement à leurs clients... Ils s’en tirent au pire avec des amendes, plus souvent avec des bonus. <<번역문 보기>>

A la fin des années 1980, suite à la faillite frauduleuse des caisses d’épargne américaines, huit cents banquiers se retrouvèrent derrière les barreaux. Dorénavant, la puissance des banques, encore accrue par des restructurations qui ont concentré leur pouvoir, semble leur assurer l’impunité face à des Etats affaiblis par le poids de la dette publique. Les prochains candidats à la Maison Blanche, M. Barack Obama en tête, mendient déjà les contributions de Goldman Sachs à leur campagne ; le directeur de la BNP-Paribas n’hésite pas à menacer les gouvernements européens d’une panne du crédit au cas où ceux-ci réglementeraient sérieusement les banques ; l’agence de notation Standard & Poor’s, qui avait accordé sa meilleure note de risque (AAA) à Enron, Lehman Brothers, Bear Stearns ainsi qu’à toutes sortes d’« obligations pourries » (junk bonds), projette de la retirer à la superpuissance américaine si elle ne réduit pas plus vite ses dépenses publiques.

Trois ans de réunions du G 20 visant à accoucher d’une « nouvelle symphonie planétaire » ont conservé intact un système mêlant déréglementation bancaire, primes pharaoniques des petits génies de l’ « innovation financière » et paiement de toutes les catastrophes qu’ils occasionnent par les contribuables et par les Etats (lire l’article sur l’Islande). Les socialistes français s’indignent que « dans l’année qui a suivi la crise des subprimes, les gouvernements ont consacré plus d’argent pour soutenir les banques et les institutions financières que le monde n’en avait dépensé, en un demi siècle, pour aider les pays pauvres ! » Mais les remèdes qu’ils avancent ressemblent tantôt à des rustines (surtaxe fiscale de 15% pour les banques), tantôt à des vœux pieux (suppression des paradis fiscaux, création d’une agence de notation publique, taxe sur les transactions financières), dès lors que leur réalisation est conditionnée à une très improbable « action concertée des Etats membres de l’Union européenne. »

Ainsi, ce qui aurait dû être « la crise de trop » a été une crise pour rien. M. Andrew Cheng, principal conseiller de la China Banking Regulatory Commission, suggère que cette passivité tient à un « problème de capture » des Etats par leur système financier . Autant dire que les responsables politiques se comportent trop souvent comme des marionnettes avant tout soucieuses de ne pas importuner le festin des banquiers.

Serge Halimi