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2008-12-01     조은섭 | 문화평론가

기획 연재 (3)

델프(DELF)는 프랑스 유학이나 특목고 입학, 대학 특례입학, 프랑스 관련 기업에 취업을 준비중인 분들에게 필수적인 프랑스어 인증시험입니다. <르몽드 디플로마티크>는 델프시험에서 가장 중요한 독해문제와 구술문제를 게재합니다. A2-B1 수준의 문제입니다. 독자분들이 자신의 답변을 작성하여 독자 의견란에 보내오시면, 출제자가 직접 무료로 첨삭 지도해드립니다.  독자여러분의 많은 관심과 참여를 기대합니다. <편집자 주>

Olympe de Gouges et les droits humains
Par Olivier Blanc *

* Historien, auteur de Marie-Olympe de Gouges, une humaniste à la fin du XVIIIe siècle, René Viénet, Paris, 2003.

 문제출제 : 은섭

 파리 VII대학 불문학박사

 알리앙스 프랑세즈 강사·델프 채점관

  

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie-Olympe de Gouges est une des très rares femmes de l’histoire ancienne a avoir été exécutée  pour la publication d’écrits politiques.1)  Pourtant cette femme engagée, belle figure humaniste de la fin du XVIIIe siècle, n’a été redécouverte que récemment au titre de précurseur dans l’histoire des idées. Elle demeure en effet une figure d’exception  non seulement pour son engagement politique dans la durée mais surtout pour ses positions d’avant-garde, courageusement exprimées, sur la condition des Noirs et celle des femmes. Il  a fallu attendre que les grandes questions de société sur les femmes, le racisme  et les minorités  se posent avec une nouvelle acuité au lendemain de la seconde guerre mondiale pour mettre enfin en lumière le souvenir tragique de Mme de Gouges.

 Dans les dix années qui ont précédé sa mort, elle a composé une vingtaine de pièces de théâtre portant sur des sujets de société ou d’actualité politique et dont certaines, représentées, ont connu le succès ou l’échec. Elle est aussi l’auteur d’un conte « oriental », de deux ou trois romans et d’une grande quantité d’écrits politiques – pétitions, factums, brochures, affiches – dont les derniers lui ont coûté la vie.

 Très impliquée dans la vie publique, car les thèmes de ses pièces de théâtre avaient à voir avec l’actualité politique ou  étaient sujet à  controverse, comme la question de la suppression de la traite, Olympe de Gouges a été sévèrement jugée par la « majorité morale » de son temps  pour qui la maternité, l’entretien du foyer et l’éducation des enfants devaient demeurer les lieux exclusifs de la créativité et de l’activité des femmes.

 Elle appartenait donc à une sensibilité minoritaire lorsqu’elle prenait part à la plus brûlante actualité politique, et cela à une époque où les femmes entreprenantes, celles du moins qui, disait-on, « se respectaient » et savaient rester « dans les bornes de la décence »,  se cantonnaient  à la sphère littéraire romanesque ou  animaient un « bureau d’esprit ».2)

 Olympe de Gouges dont le nom apparaissait dans des affiches de propagande politique se fit remarquer lors du procès de Louis XVI, où elle s’offrit de défendre le monarque déchu, faisant d’ailleurs connaître son aversion pour la peine de mort.3)  Puis on lui reprocha sa complicité avec les députés girondins qu’elle défendit crânement dans une lettre à la Convention, le 9 juin 1793, une semaine après leur proscription et leur arrestation.4)  Le courant de pensée libéral et humaniste auquel  se rattachaient comme elle les Amis des Noirs 5) mais aussi les amis des femmes fut, on le sait, emporté par la Terreur.

  Or, il est bien connu que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, et il semble, que dans le cas d’Olympe de Gouges, exécutée trois jours après les Girondins, la postérité ait emboîté de la pire façon le pas au procureur de la Commune Chaumette, Montagnard et démagogue bon teint, qui prétendit alors s’exprimer au nom de la Nature : « Rappelez vous cette “virago”, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui voulut politiquer et commit des crimes ; tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois ! »

 S’adressant aux Républicaines, il ajoutait : « Et vous voudriez les imiter ? Non, vous ne sentirez que vous serez dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la Nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes se respectent c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes. »

 La condamnée du 3 novembre 1793, qui avait en quelque sorte prophétisé sa fin dans un célèbre article sur la tribune et l’échafaud publié  dans une Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne (1791), avait, non sans lucidité, formulé  le nouveau statut de la femme  en ces termes : « Les femmes de l’ancien régime étaient autrefois respectées et méprisables, et, depuis la Révolution, elles sont devenues respectables et méprisées. »

 Venue de son Quercy natal – elle était née à Montauban en 1748 –, Marie Gouze était veuve à vingt ans lorsque, par un hasard de circonstances et aussi parce que ses ambitions n’étaient pas médiocres, elle fut reçue dans la société artistique et intellectuelle du Paris des Lumières. Elle s’y fit connaître sous le nom d’Olympe de Gouges, y rencontrant des écrivains, des philosophes, des scientifiques, des mécènes et collectionneurs, des femmes d’esprit, des artistes et principalement des comédiens. Le théâtre fut en effet sa passion et, dès 1778, elle s’y consacra entièrement comme auteur dramatique. Depuis Molière, la tradition, à la Comédie française, autorisait en principe à s’exprimer subtilement sur certains sujets délicats à condition que les codes de la « bienséance » fussent respectés et que le « but moral » fût atteint.

 C’est ainsi que chez la marquise de Montesson, qui disposait d’un théâtre de société dirigé par le chevalier de Saint-Georges, métis d’une liaison de son père avec une ancienne esclave, Mme de Gouges donna en 1782, en lecture privée, une pièce de sa composition sur les horreurs – on ne pouvait alors parler à mots couverts que « d’injustice» – de la traite des esclaves des colonies. Mme de Montesson, influente depuis son mariage morganatique avec le duc d’Orléans, père du future Philippe-Egalité, recommanda l’auteure au Théâtre français et la pièce fut inscrite au  répertoire. Mais à la réflexion, on s’aperçut que ce « drame indien », recelait une critique de la traite, source de profits considérables.

 Olympe de Gouges qui y dénonçait  « l’injuste intérêt des Blanc 6) »  – autrement dit le  « code noir »7) – eut le tort de manifester bruyamment son dépit de voir reléguer sa pièce dans les oubliettes de la Comédie française. Elle fut menacée d’être internée à la Bastille par lettre de cachet. Elle eut très peur et on peut dater de cette époque son engagement politique. De 1785 jusqu’à sa mort, elle publia inlassablement sur tous les sujets qui revêtaient de l’importance à ses yeux. D’abord prudente, à cause du « despotisme ministériel », disait-elle, elle donna ensuite libre cours à son enthousiasme sincère après la levée de la censure en 1789.

 Sous l’Ancien régime, elle s’est exprimée principalement dans les préfaces à ses pièces de théâtre publiées en recueil en 1788, et où la thématique essentielle se rapporte aux  prisonniers pour dettes  (L’homme généreux) ou à la prise de voile imposée aux jeunes filles catholiques, tradition qui les privait de liberté pour leur vie entière. 8)  Et, ici et là, elle s’intéresse aux enfants nés hors mariage et privés de droits, aux personnes démunies et, bien sûr, aux femmes et au mariage religieux – « le tombeau de l’amour et de la confiance » – qu’elle propose de remplacer par un contrat civil équitable prenant en compte les penchants naturels des partenaires à contracter des liaisons hors mariage.

 Dans des écrits isolés comme ses touchantes Remarques sur les hommes noirs (1788) ou dans Le Bonheur primitif de l’Homme (1789), elle reprend à son compte les thèses rousseauistes sur la nature essentiellement bonne, belle et respectable – elle-même fille naturelle, elle se disait « enfant de la Nature » –  et, inspirée par les Lumières et la raison. Dans son théâtre du temps de la Révolution et dans tous ses écrits postérieurs à 1789 – auxquelles il faut ajouter sa « Lettre au peuple » et ses « Remarques patriotiques » de 1788 9) –, elle a souvent cherché à susciter des mouvements d’opinion. Les termes de pamphlétaire voire de propagandiste lui conviennent donc bien. Son mode d’expression invariable a été la brochure classique, allant de quatre à une cinquantaine de pages pour certaines comme ses Lettres au roi et à la reine ou L’esprit français. En 1792 et 1793, pour favoriser la diffusion de ses opinions, elle lança des campagnes d’affiches à l’occasion des événements politiques d’importance comme la guerre, la réconciliation nationale, la montée de la dictature montagnarde, le procès de Louis Capet ou la liberté d’expression à laquelle elle revient dans son dernier écrit de prison (Une patriote persécutée).

 Jusque récemment encore, Olympe de Gouges  n’était connue que de quelques érudits. Or, en son temps, elle s’est exprimée avec beaucoup d’humanité dans un pays encore largement dominé par le poids des archaïsmes issus des traditions familiales et religieuses. Sa prise de parole publique a donc toujours été à risques et on ne lui épargna ni la caricature ni les menaces.

 Sur les questions humaines, on a souvent préféré citer ses contemporains Condorcet et l’abbé Grégoire. Or ce dernier a rendu le premier  hommage au courage exemplaire de de Gouges qui, disait-il en 1808, « avait su plaider la cause des malheureux noirs ». Il est donc juste de rendre hommage au beau courage de Mme de Gouges qui sut plaider les causes humaines avec tant de chaleur.

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réussir le DELF

 

 

 

 

 

  

(Total 25 points)

 Faites le point sur le document lui-même

 Activité 1. Pourriez-vous résumer en 10 lignes le thème de cet article? (5points)

 Activité 2 . Associez le mot à la définition correcte  (3points):

 1.Un électeur  2. Éligible  3. Un citoyen  4. Un décret  5. Une féministe  6. Un vote.

 a. C’est une personne qui défend les intérêts des femmes et l’extension de leurs droits.

 b. C’est une personne qui a le droit de participer à une élection.

 c. C’est le fait d’élire un président, un maire ou une liste de députés.

 d. C’est une décision, un ordre émanant du Président, par exemple.

 e. C’est une personne qui dépend de la législation d’un État.

 f. C’est la qualité d’une personne qui peut se présenter comme candidat à une élection.

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. ... 2. …3. …4. …5. …6. …

 Activité 3. Exercice de dérivation. Complétez le tableau suivant (12points).

   

Adjectif

 

 

 

 

 

 

 

 

Nom

 

 

 

 

 

 

 

 

Verbe

 

 

 

 

 

 

 

 

Concept

 

 

 

 

 

 

 

 

Féministe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

Le féminisme

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

Un électeur / une électrice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Citoyen/

 

 

 

 

 

 

 

 

citoyenne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

Un président/

 

 

 

 

 

 

 

 

une présidente

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

décréter

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

législatif/

 

 

 

 

 

 

 

 

législative

 

 

 

 

 

 

 

 

Un législateur/

 

 

 

 

 

 

 

 

une législatrice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Municipal

 

 

 

 

 

 

 

 

XX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La municipalité

 

 

 

 

 

 

 

 

X

 

 

 

 

 

 

 

 

Un votant /

 

 

 

 

 

 

 

 

une votante

 

 

 

 

 

 

 

 

voter

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Activité 4. Pour chacune des affirmations suivantes, dites si elle est vraie(V) ou fausses(F), et justifiez votre choix à l'aide d'une citation du texte(5points)

 a) Olympe de Gouges a été excutée pour avoir tué le roi Louis XVI          

 Justification :

 b) La Comédie française, interdisait en principe tous sujets délicats à jouer dans ses salles

 Justification :

 Expression  orale :  

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que pensez-vous du vote des femmes ? Pensez-vous que c'est bien ? Pas bien ? Pourquoi ?

 Donnez un minimum de trois arguments

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

정답은 홈페이지(www.ilemonde.com) 참조하십시오.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

<Référence>

 1) Cités par l’accusateur public les textes intitulés « Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire »  « Olympe de Gouges défenseur officieux de Louis Capet » et surtout « Les trois urnes », un manifeste jugé « attentatoires » à la souveraineté nationale » et qui justifia la peine de mort.

 2) Le mot « salon » n’a,  contrairement à ce que l’on croit, été utilisé qu’au début du XIXe siècle.

 3) Dans sa pièce sur l’esclavage, elle avait scandalisé en évitant la mort au Noir Zamore  meurtrier d’un intendant de  plantation. Elle revient sur la justice en proposant en mai 1790 à l’Assemblée qu’une cour suprême populaire, en fait une cour d’assise, se substitue aux anciens tribunaux  royaux.

 4) C’est sous leur influence d’ailleurs qu’avait été votée  de justesse – en toute fin de législature (septembre 1792) -, la seule loi donnant un semblant de droit civil aux Françaises, celle du divorce.

 5) Club fondé par Jacques Pierre Brissot en 1789.

 6) Remarques sur les hommes Noirs (1788).

 7) Edicté sous Louis XIV, il normalisait le principe de l’esclavage des « nègres » des colonies, en encadrant strictement le « statut » d’esclave. Napoléon le rétablit en le durcissant en 1802 après sa suppression en l’an II de la République.

 8) Elle a développé cette thématique dans une de ses pièces qui connut un grand succès, Le Couvent ou les vœux forcés, qui fut jouée à Paris et en province en 1791 et 1792.

 9) Elle y développe un plan de réformes  économiques en proposant la taxation des signes extérieurs de richesse et le principe d’un impôt volontaire,  idée qui fut reprise et débattue les mois suivants. Elle y expose aussi un grand plan de réformes et d’améliorations sociales et des recettes pour lutter contre la pauvreté.